
Abdelkader Belbachir aurait pu se concentrer uniquement sur sa carrière d’artiste peintre, ne se souciant que de ses expériences artistiques mêlant art abstrait, expressionnisme et calligraphie. Il a choisi, au contraire, de transmettre sa passion pour l’art pictural aux générations montantes dans sa ville natale, Taourirt.
La Maison de l’artiste (Dar Al-Fannan) à Taourirt était à l’origine son atelier. Il en a fait un lieu de formation artistique où il partage son expérience, lui qui s’est illustré par un style unique, mêlant calligraphie et art abstrait, avec des thèmes puisant souvent dans le patrimoine culturel et civilisationnel des différentes régions du Maroc.
L’artiste, connu pour sa technique de peinture sur fond noir, revient sur cette expérience dans une interview à la MAP, en plein préparatifs pour la nouvelle saison scolaire au sein de son école-atelier.
«Il y’a 3 ans, j’ai eu l’idée de faire de mon atelier une Maison de l’artiste pour contribuer à faire émerger de nouvelles générations d’artistes et transmettre ma passion pour l’art. Au départ, j’ai commencé avec un nombre réduit d’apprenants, avec lesquels j’ai une méthode particulière de travail basée sur la confiance et l’amitié», se rappelle-t-il.
Pour lui, chaque enfant est doté d’un talent, «il faut juste le découvrir, le faire émerger et encourager nos enfants à poursuivre sur cette voie en les inscrivant dans des instituts ou clubs artistiques, car l’art a un rôle important dans l’éducation de l’enfant, sa formation et son comportement».
L’expérience a été une réussite et l’école accueille les enfants à partir de 4 ans et jusqu’au jeunes de 18 ou 20 ans, dit-il, affirmant avoir ouvert cet établissement avec ses propres moyens, même s’il a été encouragé par les autorités et les responsables locaux qui ont adhéré à l’idée.
Revenant sur l’objectif de cette initiative, Abdelkader Belbachir affirme vouloir offrir aux jeunes talents une aide qu’il aurait bien aimé recevoir à ses débuts. «Mon parcours artistique a commencé tôt. Dès mon enfance, je maniais les pinceaux et sentais le besoin de m’exprimer à travers l’art. Certes, j’au eu la chance d’être soutenu par ma famille, mais cela n’a pas été facile de prendre ses repères dans ce domaine lorsqu’on est autodidacte».
Aujourd’hui, l’artiste compte à son actif plus de 35 expositions, individuelles et collectives, au Maroc et à l’étranger, ainsi que des diplômes et des prix artistiques internationaux.
Après la consécration, la transmission. Belbachir consacre actuellement tout son temps et son énergie à Dar Al-Fannan, qui a fait bien du chemin depuis sa création. «Maintenant j’ai à mes côtés des encadrants, nous veillons à éduquer les jeunes à l’art mais aussi aux valeurs, sachant que l’art est un outil efficace pour l’éducation et la sensibilisation», indique-t-il.
Il confie aussi avoir pour projet d’agrandir cette Maison de l’artiste, en construisant sur un terrain de 800 m2 grâce au partenariat avec les autorités locales et les responsables de la culture. Le projet prévoit d’inclure la musique et la calligraphie dans le programme de formation de la future structure.
Une étape qu’il est important de franchir, compte tenu du nombre important des élèves et du succès du modèle de formation de cette école, qui ne se limite pas à l’espace de l’atelier.
«On a commencé à organiser des sorties sur le terrain où les élèves, munis de leurs chevalets, investissent différents lieux publics de Taourirt pour pratiquer l’art», fait savoir Abdelkader Belbachir, qui s’est fait connaitre lui-même par ses expositions en plein air, sur la corniche de Saidia par exemple.